INDICES STATISTIQUE-1-





Les indices constituent un domaine peu enseigné. A cet état de fait, on peut avancer plusieurs éléments d’explication :

 D’une part, il se situe au carrefour de la statistique et de l’économie.
-   D’autre part, ce domaine soulève assez peu d’intérêt parmi les professeurs, de statistique comme d’économie, car il n’est pas au centre de leur problématique et passe souvent pour être un simple outil sans difficulté.

D’où la tentation, pour chacun des deux enseignements, de considérer qu’il relève de l’autre discipline.

Cependant les indices sont extmement utilisés et il est essentiel à la fois de savoir les interpter correctement et dêtre capable de concevoir des indices pertinents. Cest en fait un domaine très intéressant et complexe du fait même qu’il recoupe des problématiques diverses qui interfèrent :

-  Il fait intervenir des considérations proprement statistique (ou mathématique) et d’autres directement liées  au domaine dapplication (souvent économique,  mais qui peut  être très varié).

-  Sur  un  autre  plan,  il  fait  intervenir  à  la  fois  des  aspects  pratiques  et  des  aspects méthodologiques. La difficulté, et l’intérêt, résident ici dans le fait que ces deux aspects sont intimement liés et ne peuvent pas être traîtés séquentiellement. Il peut être utile dillustrer ici ce point, quitte à anticiper sur ce qui sera préci plus avant dans ce document.

Pour le praticien, la première des questions qui se posent est de savoir ce qu’il veut mesurer. La réponse à cette question apparemment très banale s’avère en fait souvent redoutable. Un indice (agrégé) étant par essence un résumé de l’information, tout dépend du point de vue auquel on se place. Cest le très classique problème des effets de structure avec la question sous-jacente de savoir ce que l’on considère comme « produits » différents. Prenons un exemple.

Pour le calcul de l’indice des prix à la consommation (IPC), deux produits identiques mais vendus  dans  des  types  de  magasins  différents  (grande  ou  petite  surface)  doivent-ils  être considérés comme un seul et même produit ? La réponse apportée est non, mais il s’agit bien sûr d’un choix délicat qui peut être (et se trouve souvent) discuté.

Il est intéressant de sinterroger sur la nature de ce choix. Il signifie quun achat repsente à la fois le produit acheté mais aussi la fourniture dun service, en matière de proximité par exemple. Sur longue période, il est certain que l’incidence sur l’évolution des prix est importante. Le choix adopté, pour logique qu’il soit, signifie aussi que lorsque l’on calcule l’évolution du volume de la consommation en divisant classiquement lévolution de sa valeur par l’indice de prix, on intègre de fait l’évolution du volume de service qui va avec. Les consommateurs pourraient donc garder rigoureusement la même alimentation mais voir le volume de leur consommation alimentaire baisser en achetant de plus en plus en grande surface.


Mais il faut aussi insister sur le fait que le choix à effectuer peut être ts contraint par des considérations pratiques. Dispose-t-on, ou peut-on disposer à un coût raisonnable, des informations nécessaires  aux  différents calculs  envisageables ?  Dans le cas présent, il serait coûteux de disposer de linformation permettant de changer d’optique.

De même, parmi la boite à outil des instruments mis sa disposition par la théorie, et dont aucun n’est complètement satisfaisant, le praticien choisira largement en fonction de considérations pratiques. Dans bien des cas, si un indice de Laspeyres est utilisé plutôt qu’un Paasche ou, mieux, qu’un Fisher, c’est avant tout parce que l’on ne dispose pas de pondérations propres à chaque période (pour lIPC les pondérations sont déduites des comptes nationaux annuels, alors que l’indice est mensuel). Ceci ne signifie cependant pas que tous les indices se valent pour le praticien. Ainsi, face au vieillissement de ces pondérations, le calcul de l’IPC s’effectue à l’aide d’un indice de Laspeyres, mais chaîné annuellement. Au total, il convient de trouver la meilleure adéquation, voire le meilleur compromis, entre ce que l’on veut mesurer, le type dindice à retenir et l’ensemble des problèmes pratiques liés à son établissement.

Une autre caractéristique de l’étude des indices est que, si lon peut se satisfaire dun appareillage mathématique très modeste, l’usage des indices est assez subtil et plein de pièges. Il donne lieu par ailleurs à des développements théoriques très sophistiqués, qui ne seront pas véritablement abordés ici, même si l’existence de certains aspects pourra affleurer dans la suite de l’exposé. Pour mémoire, signalons simplement que de grands économistes, comme Solow ou Samuelson, ont contribué à développer cette théorie, sous son aspect économique principalement lié à la théorie du consommateur et du producteur (indices à utilité constante et mesure de la productivité globale des facteurs). Par ailleurs, la recherche théorique sur les indices est un domaine toujours actif, malgré lancienne des problèmes posés.

De ces considérations introductives, il ressort que si l’étude des indices est quelque peu sacrifiée dans les cursus de formation initiale, elle psente un grand intérêt en temps que formation continue : celle-ci permettra non seulement de combler une éventuelle lacune, mais aussi de mieux enrichir la présentation par des considérations sur les liens entre des questions méthodologiques et des contraintes opérationnelles.


Dans le présent document, on se concentrera sur les aspects méthodologiques du choix d’un indice et de son calcul, mais en les insérant autant que possible dans un contexte plus large.




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