Le métier de statisticien-1-
Tous ceux qui, comme par exemple les
commerçants, remplissent dans la société une fonction intermédiaire risquent
d'être accusés - parfois avec raison - de profiter de leur situation pour en
tirer des bénéfices hors de proportion avec le travail qu'ils fournissent.
D'une façon analogue, tous ceux dont la fonction implique des médiations
institutionnelles ou idéologiques complexes s'exposent à être considérés - parfois
avec raison - comme des parasites ou, pis encore, comme d'étranges personnages
dont les menées recèlent un danger obscur : dans cette catégorie entrent, parmi
d'autres, les philosophes, les historiens et les statisticiens.
Tous comme le philosophe et l'historien,
le statisticien est en effet bien embarrassé lorsqu'on lui pose cette question
si simple : " A quoi sert ce que tu fais ? " Le médecin, l'ingénieur
peuvent montrer les conséquences directes de leur action ; le militaire aussi,
pendant les périodes troublées. Ces actions peuvent être jugées utiles ou
néfastes, selon les cas et les opinions, mais on ne peut nier que leurs
résultats ne soient manifestes. Il n'en est plus de même lorsque l'activité
vise à produire des informations ou des idées. Cette production est faite sans
que l'on puisse avoir une claire conscience de ses conséquences, ni des voies
par lesquelles ces conséquences seront provoquées. Elle met en œuvre des
médiations dont le mécanisme est difficile à comprendre et même à percevoir, et
dont la complication rend possibles de subtiles tromperies.
Tags: PROFESSION ET TRAVAIL


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